Les Mousquetaires musclent leur logistique non alimentaire

La branche Bricolage – Equipement de la maison, du Groupement Les Mousquetaires, déclarait un chiffre d’affaires de 2,6 Mds€, en 2017. Ses revenus se sont élevés à près de 4,4 Mds€, en 2022. A la croissance organique de ses enseignes Bricomarché et Brico Cash, s’est ajoutée l’acquisition de Bricorama en 2018. Cet été, le réseau Tridôme l’a rejoint. « D’environ 13 % en 2017, notre part de marché dépasse les 15 % aujourd’hui  », déclare Laurent Pussat, président du pôle Bricolage – Equipement de la maison chez le distributeur. Lequel revendique la troisième place sur ce marché, très concentré en France, derrière les groupes ADEO (Leroy Merlin, Bricoman, Weldom…) et Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt…). « Notre réseau de proximité est animé par des chefs d’entreprise, membres du Groupement Les Mousquetaires. Ces chefs d’entreprise gèrent un magasin de bricolage sur trois en France. Au total, notre réseau national compte 475 Bricomarché, 51 Brico Cash et 120 Bricorama (plus une quinzaine de Tridôme désormais, appelée à être rebaptisée, ndlr). D’ici 5 ans, nous visons une part de marché supérieure à 17 % », ambitionne Laurent Pussat.

Laurent Pussat, président d’ITM Equipement de la maison, Sébastien Ferrand, directeur supply chain d’ITM LEMI, et Marc Deschamps, président d’ITM LEMI

ED

Chaîne de valeur intégrée

Inaugurée le 12 septembre, l’extension des capacités de stockage et de préparation de commandes à Garancières-en-Beauce (28) sert cet objectif. Sur ce site d’Eure-et-Loir, Les Mousquetaires concentrent la majeure partie de leur logistique intégrée non alimentaire, pilotée par ITM Logistique Equipement de la Maison International (LEMI). « Maîtriser tous les maillons de la chaîne de valeur est dans l’ADN du Groupement. Elle assure, à nos yeux, le meilleur niveau de prestation, au meilleur prix. Aussi, notre logistique est-elle engagée dans une démarche d’amélioration continue, en termes de qualité de service, conditions de travail et d’optimisation des coûts. Elle est la clé de notre succès et de notre développement », défend Marc Deschamps, président d’ITM LEMI.

Complexe eurélien réaffirmé

A Garancières, ITM LEMI exploite deux entrepôts qui emploient près de 400 personnes. Mécanisé en 2016, avec le concours de TGW, « le premier est en service depuis 1986. Ses 66 000 m2 stockent, préparent et expédient, notamment, tous les petits conditionnements à destination des réseaux nationaux non alimentaires du Groupement », présente Marc Deschamps.
En activité depuis 2013, le deuxième entrepôt déploie 72 000 m2 à l’issue de son récent agrandissement de 24 000 m2 (en quatre cellules de 6 000 m2). Réalisée par GSE, « cette extension a été l’occasion de le certifier Haute Qualité Environnementale (HQE) et a représenté un investissement global de près de 21 M€. Elle sera également à l’origine de 50 nouvelles embauches », précise-t-il. Grâce à la pose d’une centrale photovoltaïque de 3 110 m2 (654 MWh produites par an) sur son toit, d’un relamping led ou la gestion électrique sous GTB, « nous estimons à 60 % les économies d’énergie sur ce site dès 2024 ».

Le complexe logistique d’ITM LEMI, à Garancières-en-Beauce, totalise près de 140 000 m2, répartis dans deux entrepôts.

ITM

Nouvelle automatisation en vue

Sur ses quatre nouvelles cellules, « deux seront automatisées et robotisées. En synergie avec l’entrepôt historique, l’automatisation et la robotisation à l’étude visent à traiter des produits de moyenne taille. De type AGV a priori, la future installation sera surtout scalable », explique Sébastien Ferrand, directeur supply chain d’ITM LEMI.
A Garancières, l’entrepôt déjà mécanisé prépare près de 20 millions de colis par an. Son magasin automatisé, aménagé sur plus de 5 000 m2 à plus de 8 m de hauteur, rassemble et traite 8 000 références. Dans une logique « goods-to-man », il alimente une dizaine de postes de préparation où quatre commandes peuvent être préparées simultanément. « Ces préparations sont réalisées par famille de produits pour faciliter la mise en rayon dans les points de vente », souligne Sébastien Ferrand.

Migration vers Reflex

Les deux entrepôts de Garancières seront aussi les premiers des 39 plateformes logistiques, alimentaires et non alimentaires, du Groupement Les Mousquetaires à changer de WMS. D’Infolog, de Generix, vers Reflex, de Hardis, cette migration stratégique a été annoncée en 2021 par le distributeur. Elle s’inscrit dans un plan de transformation global qui, depuis le milieu des années 2010, refond ses systèmes d’information, ainsi que ses processus métiers et supply chain. En témoigne, par exemple, le déploiement en cours de l’ERP SAP par le groupe. Quant à Reflex, sa mise en œuvre sera achevée sur l’entrepôt agrandi, d’ici à la fin 2023. L’équipement de tous les sites logistiques du Groupement durera plusieurs années.

31 millions de colis

Opérée par ITM LEMI, la logistique Bricolage – Equipement de la maison des Mousquetaires s’appuie sur quatre plateformes. En plus de celles à Garancières, le logisticien maison exploite des entrepôts à Anais (16) et à Albon (26). «  Les quatre sites totalisent 270 000 m2 et préparent 31 millions de colis par an, à partir de stocks comptant 25 000 références », détaille Sébastien Ferrand.
Chaque plateforme approvisionne les points de vente sur leur zone de chalandise. Seul l’entrepôt automatisé de Garancières livre toute la France en produits de petite taille. Ces livraisons font l’objet d’opérations cross-dock sur Anais et Albon, ainsi qu’autour de plusieurs grandes villes, avec l’aide de partenaires transporteurs.
A un rythme d’une livraison par semaine et par point de vente, les quatre plateformes assurent, en moyenne, 50 % du réassort des magasins, hors campagnes de promotions. Ce taux correspond au référencement commun des enseignes Bricomarché, Brico Cash et Bricorama. L’autre moitié est livrée directement par les fournisseurs de leurs magasins. « Dans le but de massifier et de réduire davantage nos coûts logistiques, nous souhaiterions monter à 60 voire 70 %, le référencement commun des enseignes », confie Laurent Pussat. Cette ambition est corrélée à la part des achats réalisés par les membres du Groupement via sa centrale d’achat ARENA, reconnaît-il.

Distribution optimisée

Le site agrandi à Garancières héberge la cellule transport d’ITM LEMI. Avec une vingtaine de personnes, elle organise l’ensemble de la distribution au départ des quatre entrepôts. Ces flux aval sont optimisés, dès que cela est possible, par des enlèvements fournisseurs français et européens, voire des post-acheminements de marchandises, en provenance du Grand import. Sourcées en majorité en Asie, en Chine en particulier où ITM LEMI preste un entrepôt de 5 000 m2 à Shanghai, ces importations transitent par Le Havre et Marseille/Fos. Depuis ces ports, le fleuve-route et le rail-route sont privilégiés pour approvisionner les plateformes à Garencières, Albon et à Anais.
Au départ de ces dernières, la cellule transport travaille en synergie avec la direction Transport des Mousquetaires. « Elle bénéficie ainsi d’un pool de 150 transporteurs, de toutes tailles, qui approvisionnent les enseignes alimentaires et non alimentaires du Groupement. Nous disposons en plus d’une flotte propre d’environ 160 remorques à nos couleurs  », précise Sébastien Ferrand. Présenté, par le directeur supply chain, comme un moyen d’optimiser la distribution et les coefficients de chargement, ces remorques sont adaptées aux préparations réalisées sur les quatre plateformes du logisticien. « Deux-tiers sont expédiées, en effet, sur des palettes et demi-palettes, homogènes et hétérogènes, tandis qu’un tiers utilisent des supports métalliques spécifiques. Conçus en interne, ces « praticables » optimisent et sécurisent les chargements, composés de produits, dont les poids et dimensions sont très variés  ». Avec la reprise des emballages vides, le retour de ces supports vers les quatre entrepôts constitue l’essentiel de la logistique retour d’ITM LEMI.