La logistique de la distribution de vaccins doit désormais être réalisée en un temps record. Interrogée par La Tribune, la Direction générale de la Santé a détaillé la mise en œuvre et le pilotage de cette opération inédite.
Le laboratoire Pfizer/BioNTech, situé à Puurs en Belgique, a produit les premiers vaccins contre la Covid-19, sous la responsabilité du ministère de la Santé, et de Santé Publique France, l’agence compétente en matière de logistique.
Le défi logistique est immense car le vaccin doit être stocké à des températures extrêmement basses, de l’ordre de -70° Celsius, avant d’être envoyé vers les centres de vaccination. Après décongélation, il peut être conservé à des températures comprises entre 2 et 8°C mais doit être injecté dans un délai maximal de cinq jours.
Colis réfrigérés
« Compte tenu de la position géographique de la Belgique, Puurs sera le centre névralgique de la production et de l’acheminement de ce vaccin », a rappelé la Direction générale de la Santé. « Cependant, dès le printemps 2021, d’autres usines de production devraient venir s’ajouter. En outre, lorsque d’autres vaccins arriveront sur le marché, interviendront naturellement de nouveaux lieux de production. »
Les vaccins Pfizer/BioNTech sont envoyés dans des colis isothermes remplis de carboglace « Thermal Shipper », conçus par Pfizer, garantissant une température entre -76 et -80°C et équipés de dispositifs GPS. « Une sonde mesure régulièrement la température effective dans l’alvéole où sont positionnés les flacons de vaccin. Ces données remontent dans le système d’information du laboratoire. »
Fin décembre, Pfizer a déjà dû différer de 24 heures la livraison à l’Espagne d’un nouveau lot de son vaccin du fait de difficultés logistiques (chargement en envoi), a annoncé le ministre de la Santé, Salvador Illa. Le retard, aujourd’hui résolu, aurait concerné huit autres pays européens, sans préciser quels sont les pays concernés.
Six plate-formes
Les doses sont acheminées par Pfizer et stockées au sein de six plateformes logistiques et d’une centaine d’établissements de santé (à raison d’un établissement par département), tous équipés de congélateurs pour maintenir une température de -80°C. Les lieux exacts ne sont pas dévoilés pour des raisons de sécurité.
Olivier Véran, le ministre de la Santé, avait rappelé que deux circuits de distribution complémentaires ont été mis en place : un principal s’appuyant sur les acteurs qui acheminent habituellement les médicaments, vers les EHPAD et un second dirigé vers une centaine d’établissements hospitaliers.
Recours aux pharmacies d’officine
« Lors de cette première étape de la campagne, les relais locaux sont les officines et les pharmacies des établissements de santé (PUI). Dans les phases suivantes, le recours aux pharmacies d’officine sera encore développé », précise la Direction générale de la Santé. Tous ces sites fonctionneront à 90% comme d’habitude, avec toutefois une exigence supplémentaire de traitement d’un vaccin stocké à -80°C.
Les vaccins seront acheminés dans les DROM-COM par voie aérienne, soit par des vols militaires (qui ont d’ailleurs déjà préalablement permis la livraison des congélateurs), soit par des compagnies aériennes et des transitaires, comme Walden, qui a détaillé sa stratégie de distribution européenne. « Presque toutes les compagnies françaises transporteront à un moment ou à un autre des vaccins ou des équipements pour vacciner », précise-t-on.
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