Le fret fluvial mue vers le conteneur et la logistique urbaine

Pour la première fois de son histoire, le mode fluvial dépasse la barre des 605 500 EVP transportés, soit une augmentation de +3,9% par rapport à 2021 et + 9,5 % depuis 2018. Une hausse particulièrement forte sur l’Axe Seine (+13,8%) porté par Haropa, tandis que le bassin des Hauts-de-France enregistre une progression de 5,4% (170 000 EVP en 2022). Thierry Guimbaud, le directeur général de Voies navigables de France, y voit une illustration des « transformations à l’œuvre des modes de production et de consommation, via les échanges de conteneurs ou encore par l’intérêt grandissant que portent les entreprises aux solutions de logistique fluviale urbaine qui permettent d’entrer finement au cœur des villes ». Soulignant l’avancée de la logistique urbaine fluviale, à Paris notamment avec IKEA ainsi qu’à Strasbourg et à Lyon, Thierry Guimbaud se réjouit que «  le fluvial rentre dans de nouveaux segments de trafic à haute valeur ajoutée économique et surtout environnementale ». Une dizaine de villes étudient actuellement la possibilité de lancer leur service de logistique urbaine fluviale.

En 2022, plusieurs filières touchées par la conjoncture économique et énergétique ont néanmoins conduit à une baisse de l’activité de 6,6% en volume par rapport à 2021. Le BTP qui pèse 40% des trafics fluviaux a connu une baisse de 16,9% des volumes transportés, soit 19,8 millions de tonnes transportées en 2022. Les filières métallurgie, engrais et sel enregistrent également des baisses respectives de 11,3, de -12% et de -26,6% en volumes transportés. Ces trois secteurs pèsent pour 15% des trafics. Deuxième secteur porteur en 2022 après le conteneur, la filière agricole a vu ses volumes de marchandises progresser de 8,6% par rapport à 2021. Avec 13,1 millions de tonnes enregistrées, les produits agricoles pèsent pour 30 % de l’activité totale.

3 Mds€ sur 10 ans

Pour développer la part du fret fluvial et encourager le report modal, VNF prévoit d’investir 3 Mds€ sur les dix prochaines années dans la régénération et la modernisation de son réseau (6700 km de voies navigables). Après 330 millions d’euros en 2022 (dont près de 87 millions au titre du plan de relance), VNF investira cette année près de 340 millions d’euros à l’amélioration de la qualité du service. Plus de la moitié de cette somme ira à la régénération du réseau : opérations sur les digues classées, les écluses ou encore les barrages qui régulent le niveau d’eau. En parallèle, plus de 40 millions d’euros seront engagés cette année pour les études et la modernisation des méthodes d’exploitation du réseau (pilotage des ouvrages, automatisation, pose de fibre optique…).
Enfin, la logistique fluviale urbaine sera à l’honneur pour les chantiers olympiques, « un atout clé pour atteindre l’objectif fixé par Paris 2024 d’organiser les premiers Jeux à neutralité carbone ». En particulier, près de 40 bateaux à motorisation électrique ou hybride diesel/électrique seront mis en œuvre.